J’avais pensé écrire ce soir sur Poussin à Rome, puisque bientôt au Louvre ouvrira une exposition sur Poussin. Mais ça sera pour demain. Parce que je reviens du cinéma où j’ai vu un film très ennuyeux sur le Kunsthistorisches Museum de Vienne. Et là j’ai découvert que le 25 mars sort dans les salles “La Sapienza”, un film  d’Eugène Green.

L’histoire porte sur la transmission – d’expérience, de connaissances mais aussi d’intuitions – d’un couple adulte à un couple de jeunes. L’histoire se passe en partie à Rome et il est question de l’architecte baroque Borromini (Sant’Ivo alla Sapienza est l’une de ses églises). Ce que le réalisateur a écrit m’a beaucoup plu : “Les formes architecturales les plus douées de vie ne sont pas celles qui cherchent simplement à pourvoir aux besoins matériels, ni qui naissent en suivant des “règles”, mais celles qui sont le fruit de l’imagination créatrice“.

Or Borromini est le vrai génie de l’architecture baroque, tandis que Bernini a été obligé par Urbain VIII à devenir architecte. Borromini associe une rigueur intellectuelle implacable à une totale liberté. Ses églises expriment une quête spirituelle sans compromis, une victoire contre la matière, une technicité virtuose au service d’une pensée intègre. Difficile de vivre pour un homme pareil, qui finira par se suicider. Allez voir le film, et allez surtout voir les architectures de Borromini. L’enjeu n’est pas le baroque, l’enjeu est la liberté de l’esprit. Leçon de civilisation, oh combien nécessaire!