J’étais à Milan où j’ai vu Expo. Pour mieux dire, j’ai vu quelque pavillon, ceux où il ne faillait pas attendre une heure au soleil pour rentrer.
Donc je n’ai pas vu le Palazzo Italia, ce que je regrette moins, puisque je crois connaître le sujet, ni le Japon, ce qui est bien dommage parce qu’il semble très intéressant.
J’ai vu le pavillon français. L’entrée est très bien conçue, comme une plantation organisée selon des carrés, chaque carré consacré à une plante cultivée sur le sol français. Ça donnait l’idée de la richesse et de la variété du territoire et c’était différent de ce qu’on voit ailleurs.
Le pavillon lui même est imposant mais plutôt banal ( c’est vrai, il’y a des nervures en bois qui rappellent les voûtes gotiques, mais justement, ça ne me semble pas une nouveauté). A mon avis, il ne met pas assez en valeur la tradition gastronomique française. En réglé général, tous les pavillons se veulent une vitrine des produits nationaux mais ils ne montrent pas la culture que ces produits expriment.
Surtout, ce que j’ai trouvé gênant c’est l’hypocrisie du phénomène. Partout, dans chaque pavillon où vous rentrez vous lisez la même chose: protection de la planète, respect de la Nature, cultures biologiques, aides aux populations sous-développées. Mais ce qu’on voit est exactement le contraire: produit en vente 30% plus cher que le normal et, dans l’esprit de l’exposition et dans la mise en scène des pavillons, l’apothéose de la société de consommation.
L’Eglise, comme toujours, fait mieux que les autres. Le Saint Siège a son pavillon. Aucun faste, pas de vente, évidemment. Le message est celui de la nutrition, dans le sens physique, par rapport aux pauvres; mais aussi dans le sens de nourrir l’esprit. Comme seul décor, les photos des populations pauvres dans le monde et une table – qui n’est pas sans évoquer celle de la Cène – avec des projections. D’un coté il y a un tableau, beaucoup ne le remarquent même pas.
C’est la Cène de Tintoretto. Non, pas une copie, c’est le vrai Tintoretto, qui vient de San Trovaso a Venise. Ça m’a fait penser à la Reine Vittoria d’Angleterre qui rend visite au roi d’Italie. Elle était habillé en noir, simplement, sans un seul bijoux. Derrière, elle emmenait un carrosse plein de maharajas couverts de pierreries.
Ce-ci dit, à Expo tout est parfaitement organisé, du métro aux guichets pour acheter les billets, aux toilettes, aux navettes pour vous déplacer sur une surface énorme. Je trouve que l’Italie et Milan se sont fait honneur. Bien entendu, je me suis bien gardé d’y aller dans le week end…
Plus intéressante, pour moi, a été la visite de la Fondation Prada (oui, je sais, Prada est le haut de gamme de la société de consommation, mais ils ne s’en cachent pas et ils réinvestissent dans la culture). L’espace lui même est magnifique, dans leur style à la fois raffiné et sobre. En ce moment il’y a une très belle exposition sur l’art grec. Le chef d’oeuvre vient de…Theran. Je vous en parlerai dans mon prochain blog. Là, il fait 40° et c’est trop, pour parler de Praxitèle.
