Bonjour, je suis à Paris et les attentas ont finis d’achever le rare tourisme hivernale.  J’ai tellement perdu la main au travail que la semaine dernière j’ai fait une gaffe mémorable. J’avais été convié au Louvre pour la première visite d’un cycle sur les arts décoratifs au XVIIIe siècle. Ou, en tout cas, c’était ce que je pensais. Evidement, un t el cycle commence par Louis XIV . Je révise mon sujet et je me présente au Louvre.  Une première cliente arrive et me parle de Louis XV. Une deuxième fait de même. Au dixième client qui me parlait de Louis XV, j’ai compris : je m’étais trompé de Louis.  Ce soir là je devais faire l’Art Rocaille, Louis XIV était pour le mois après.  J’ai dû…improviser !

J’occupe mon temps avec ce que j’aime, donc je vais aux concerts. J’ai eu la chance d’écouter deux célèbres pianistes au Théâtre des Champs Elysées : Christian Zacharias et Grigory Sokolov.  Zacharias est allemand. Il a joué Scarlatti e Soler avec un technique infaillible ; mais surtout  tout y était expliqué, comme dans une équation, avec  une pensée claire, lucide, inflexible.  Pas des surprises, mais vous sortez avec l’impression que finalement  il y a un sens dans la vie, et une logique.  Voilà, cette impression là je l’ai exclusivement quand je vais au concert de Zacharias. Sokolov est le contraire. Ila joué des sonates de Schubert  avec les da capo sans que je m’ennuie, ce qui est exceptionnel.  Mais là il n’était plus question de logique ou d’ordre, il était question de commotion.  Le monde de Sokolov est émouvant, impalpable,  individuelle, presque indifférent aux autres. Mais quand vous sortez vous vous sentez béni, comblé d’une grâce que normalement  vous ne pouvez pas voir, mais qui pourtant est dans la vie. Comme bis  Sokolov a joué des mazurkas de Chopin, parmi les plus métaphasiques. Et puis un moment magique, avec la salle qui retenait son souffle, consciente de vivre un instant unique : il a joué le Prelude op. 28 n.5 de Chopin. Celui que tous les étudiants jouent. A la fin, quand nous sommes revenus sur terre, il y a eu une ovation. Vous le trouvez ci-dessous (allez à 22,30), ma l’enregistrement ne vaut pas la moitié de l’exécution live de l’autre soir. Heureusement. Les machines c’est bien. Mais les hommes, c’est mieux.