Vous êtes enceinte à Rome ? Allez prier devant la statue de la Vierge des accouchées à l’église de Sant’Agostino. Encore aujourd’hui elle est décorée par des rubans bleu ou rose , qu’autrefois étaient accrochés directement au cou de la Vierge.

La statue est l’œuvre de Jacopo Sansovino. La statue d’un bien plus grand Sansovino, maître de Jacopo ( qui prit son nom en signe d’affection), Andrea, se trouve quelque mètre plus loin, dans la même église.

Andrea Sansovino réalisa ici, vers 1512, un autel pour un notaire  de Trèves, Goritz.  Sa statue représente  Saint ‘Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus. Quand on rentre dans l’église on voit d’abord le groupe en biais, en ayant ainsi l’impression que les trois corps sono soudés entre eux. Sans doute ceci est un hommage au célèbre carton de Léonard, conservé à la National Gallery de Londres. Mais une fois devant la statue, nous découvrons  que les figures sont bien séparées. Les bras et les mains forment un cercle qui contient les personnages et exprime ainsi le lien entre les trois générations.

Le visage de Marie est repris d’une tête de Venus tandis que celui d’Anne s’inspire d’une tête hellénistique de vieille femme.

L’enfant est tourné vers le haut. Il regarde… Raphael. Et oui, monsieur Goritz avait bien fait les choses, en appelant pour son autel Sansovino e Raphael au même temps. Au dessus de la statue, Raphael peignit le Prophète Isaïe.

Son genou saillant, dans un raccourci prodigieux, ainsi que la direction du regard, répondent  à ceux de Sainte Anne, en dessous.  Isaïe  tient un rouleau avec un texte  en hébreux, tiré d’Isaïe, 26, 2 : « Ouvrez les portes, laissez entrer la nation juste, qui garde la vérité”. L’Enfant le regarde, une promesse pour Gortiz, le juste, de le faire entrer par les portes de l’éternité.

Vasari raconte que pendant une absence de Michel-Ange, Bramante aurait emmené Raphael voir les fresques de la voute de la Sixtine. Raphael en fut si impressionné qu’il serait revenu à Sant’Agostino et aurait effacé l’Isaïe, déjà achevé, pour un peindre un autre, inspiré aux prophètes michelangelesques. L’anecdote est sans doute de la propagande de Vasari en faveur de son ami Michelange, mais tout de même l’Isaïe de Raphael rappelle autant la Sixtine que, dans le personnage assis et pourtant fort dynamique, le Moise.

Et à présent, allez rendre hommage à la sublime Vierge de Caravage…