Voilà un tableau devant lequel on passe en se disant « Oui, très bien peint mais j’en ai vu des douzaines comme ça ». Erreur ! Ce tableau cache des nombreuses surprises. Domenichino, le peintre, y a voulu prouver que « ut pictura poesis », à savoir « la peinture est comme la poésie », elle peut tout représenter, y compris une action qui se déroule dans le temps.
Le sujet du tableau est une compétition de tir avec l’arc. Les suivantes de Diane doivent frapper avec une flèche la cible, l’oiseau attaché au poteau à droite. Une seulement gagnera les prix en or, tenus par Diane, tandis que celles qui s’approcheront de la cible recevront des prix mineurs, accrochés à l’arbre de cocagne, a gauche.
La première à avoir tiré est la fille en bleu clair, agenouillée à l’arrière plan. Elle a eu le temps de baisser son arc et fait signe aux compagnes qu’elle a quand même gagné quelque chose, puis que sa flèche a touché le poteau. Après elle, c’est la fille en vert qui a tenté sa chance. Elle suit la trajectoire de sa flèche et sourit, puis qu’elle a tranché le ruban qui attachait l’oiseau. Mais celle qui a gagné les prix en or est la fille en rouge, qui est représentée encore dans la position du tire. Elle a transpercé l’œil de l’oiseau. La fille agenouillée au premier plan n’a pas eu le temps de comprendre que la compétition s’est achevée et elle cherche une flèche dans son carquois. Derrière elle une compagne fait un geste de déception, puisqu’elle voit bien que désormais, pour elle, il n’y a plus de chances.
Les images peintes ne bougent pas, et pourtant, depuis quatre siècles, elles représentent dans ce tableau conservé à la Galerie Borghèse, le passage du temps. Domenichino prouve que la peinture est « chose mentale », comme le disait Léonardo de Vinci, et qu’un peintre à lui aussi, à son arc, toutes les flèches pour raconter le monde, à l’égal d’un écrivain. Mais ce n’est pas fini, loin de cela. D’autres surprises se cachent dans la moitié droite du tableau. Pour les connaître, je vous donne rendez-vous à demain…
