Vous souvenez-vous du charmant vice-président russe, Medvedev ? « Les italiens mangeurs de spaghetti, les français mangeurs d’escargots, les allemands mangeurs de choux… ». Il y a deux mil ans il n’aurait pas pu le dire, car il n’y avait ni d’italiens ni de français : les états nationaux simplement n’existaient pas. Ils sont nés, progressivement, après la chute de l’Empire romain. C’est là que s’est produite la coïncidence entre ethnie  et Etat (voir Paul Veyne pour cela, par exemple Sexe et Pouvoir à Rome, 2016, p.18), à l’origine du sentiment d’identité national. Et par la suite on est allé encore plus loin : ethnie et idéologie, ça donne le Nazisme. Auparavant, il n’y avait que les habitants de l’empire romain, qui partageaient les mêmes valeurs.

                                      

Il n’y avait pas de conflit entre civilisations (argument fantoche sur le quel Putin fonde sa propagande impérialiste), car  tout le monde convenait que la meilleure civilisation  est celle qui construit des infrastructures, qui favorise la communication et le commerce, qui met l’Etat au dessus de la religion. Dans cette civilisation  – impérialiste, certes, mais porteuse de progrès –  tout le monde se reconnaissait. Les deux cartes ci jointe montrent l’empire romain (II siècle après J.C.), qui s’étend de l’Ecosse à la Syrie (plus ou moins un tiers du monde connu à l’époque), et l’Europe d’aujourd’hui. Voilà, venir à Rome sert aussi à réfléchir sur la genèse de l’Europe et à mieux comprendre l’actualité.