Dans la villa d’un prince romain se trouve la seule peinture murale de Caravage, très peu connue par le publique parce que la villa est toujours habitée par la famille Ludovisi. Mais le prince permet les visites le vendredi où le samedi matin.
La jeunesse de Caravage à Rome reste obscure, puisque il n’y a pas de documents datés sur lui entre 1592 et 1596. Les premières années ont été très difficiles, quand pour survivre il devait peindre “trois têtes par jour”. Il logeait alors chez un certain Monsignor Pucci, qui a mérité le surnom de “Monsignor Salade” parce qu’il nourrissait Caravage exclusivement de salade.
Dans le Casino Ludovisi Caravage a peint la voûte du cabinet où le Cardinal Del Monte faisait ses expériences d’alchimie. Il ne s’agit pas d’une fresque -il n’en fera jamais – mais d’une peinture à huile sur induit sec. La fresque l’aurait obligé à respecter une dessin préétabli tandis que de Caravage, à ce jour, nous ne connaissons aucun dessin préparatoire.
Sur la voûte il a représenté Jupiter avec l’aigle, Neptune avec le cheval et Pluton avec Cerbère, le chien à trois têtes. Ces trois dieux expriment les trois éléments: Pluton /terre, Neptune/eau, Jupiter/air. Ils représentent ainsi les trois stades de la transformation alchimique: solide, liquide et gazeux. A la fin de ce processus l’alchimiste pouvait produire le Feux, but de l’alchimie. Au milieu de la voûte il a peint la sphère céleste traversée par les signes du zodiaque.
Caravage préférait les sujet tirés de la vie réelle et le choix de la mythologie reste ici un cas isolé dans sa production. Il s’y est plié seulement pour répondre au goût érudit de son mécène, le Cardinal Del Monte. Le “sotto in su” ( vue plafonnante) reste aussi un cas unique dans sa production. Les figures sont rendues dans un raccourci vertigineux, comme dans le cas de Jupiter dont la jambe semble carrément pendre du plafond.
Une curiosité: les trois dieux pourraient bien être trois autoportraits de Caravage, tandis le chien Cerbère serait le portrait de Cornacchia, le chien du peintre.
Mythologie et illusionnisme sont dictés par le rang du commanditaire, prince de l’église, mais aussi par l’ambition de Caravage même. Employé comme peintre de fleurs et de fruits, genre mineur, dans l’atelier du Cavalier d’Arpino, Caravage pour s’imposer sur la sophistiquée scène romaine doit se montrer érudit et adroit dans le difficile art de la perspective. Mais bientôt son art nouveau de “la vérité” bouleversera la scène romaine et italienne.